Depuis quelques semaines, un virus parti de la ville chinoise de Wuhan, au nord du pays, inquiète le monde entier. Son nom : coronavirus 2019-nCoV. De la Chine au Canada, en passant par l’Asie du Sud, l’Europe, l’Amérique du Sud et l’Afrique, l’inquiétude grandit et les Etats adoptent des mesures pour limiter sa propagation, voire prévenir une contamination. Dans l’Empire du Milieu, le coronavirus a déjà fait plus de 100 morts et plus de 4000 contaminations depuis son apparition fin 2019. La ville de Wuhan, l’épicentre du Coronavirus, abrite de nombreux étudiants guinéens. La rédaction de Foutanews est entrée en contact avec l’un d’entre eux, pour en savoir plus sur leurs conditions de vie pendant cette période de crise sanitaire.
Parti poursuivre ses études en Chine il y a trois ans, Abdoulaye Barry a été accueilli par l’Université de Wuhan. Il décrit la situation qui prévaut dans cette ville, désormais tristement célèbre. Selon lui, la maladie est apparue pour la première fois au mois de novembre dans un marché de la place avant d’être officiellement déclarée par le gouvernement chinois le 31 décembre dernier. « Nous sommes dans une ville où on estime la population entre 14 et 16 millions d’habitants. C’est une ville très peuplée. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout facile. Des gens sont sortis avec le virus sans qu’ils sachent s’ils sont infectés ou pas. Nous sommes une quinzaine de Guinéens dans l’Association des étudiants stagiaires guinéens à Wuhan, mais y a d’autres compatriotes qui ne sont pas associés avec nous dans cette association », précise-t-il.
Plus loin, l’ancien président de l’Association des étudiants stagiaires guinéens à Wuhan ajoute que l’un des facteurs de la propagation de cette maladie est dû en grande partie par le déplacement massif des habitants de la zone infectée vers d’autres lieux en Chine et à l’étranger. Son apparition est en effet intervenue pendant la période des fêtes de fin d’année qui a coïncidé aux congés d’hivers dans la région ; et l’officialisation n’a pas été faite rapidement, facilitant ainsi sa propagation. « Pour le moment, il n’y a aucun Guinéen qui est infecté. Nous sommes ici dans des universités qui nous contrôlent, qui savent où nous sommes, qui nous contactent tous les jours et nous donnent les conseils pour des mesures d’hygiènes nécessaires », rassure-t-il.
Depuis le 23 janvier, la ville de Wuhan a été mise en quarantaine par les autorités chinoises. « Les stations de bus, les métros et les aéroports sont fermés. On ne peut plus aller dans d’autres
villes, tout est fermé. Nos universités nous ont envoyés des messages, disant à ceux qui sont dans la ville de ne pas venir, ceux qui sont dans les campus de ne pas sortir et ceux qui sont à l’extérieur du pays de ne pas revenir », explique-t-il. Selon les dernières informations, la situation s’empire de jour en jour. A chaque nouvelle mise à jour, les autorités sanitaires de la province du Hubei font état de nouveaux cas ; et cela inquiète les populations de la ville, notamment les Guinéens qui y habitent. « Nous sommes habitués à aller acheter à manger mais depuis le début de la maladie, tout le monde s’est mis à la cuisine. Tous les marchés et supermarchés sont fermés, donc la ville est devenue une cité fantôme. Personnellement, je suis sorti de chez moi hier après 6 jours de confinement pour m’enquérir de la situation de nos compatriotes vivant dans le campus. Bien que je sois étudiant de l’université, l’accès a été difficile car j’ai fait près d’une heure en train de parler avec les autorités afin de me laisser rentrer », explique Abdoulaye Barry.
D’après lui, les Guinéens résidant à Wuhan ne devraient pas s’inquiéter dans l’immédiat parce qu’ils ont pu avoir en stock une certaine quantité de poulets, de viande et de légumes. Ils espèrent que la crise prendra fin avant une éventuelle rupture du stock. C’est leur principale crainte en ce moment, indique-t-il avant de rassurer : « Nous sommes là, tout va bien pour le moment. Au sein de la communauté guinéenne, personne ne s’est plaint pour le moment. On est toujours en contact, on a surtout le soutien des autres communautés qui sont ici. On s’appelle et on s’envoie des messages régulièrement. Cela nous réconforte vraiment, car rester dans un pays loin des parents qui sont inquiets pour nous à cause de la situation qui prévaut c’est difficile. Mais par la grâce de Dieu, ça va pour le moment ». Abdoulaye Barry invite les parents guinéens qui ont des enfants à Wuhan à ne pas trop s’inquiéter.