Malgré la préssion et les différentes menaces qu’il subit au quotidien depuis des mois et qui se sont accentuées ces dernières 48 heures, Al Habib Bah, le coordinateur de l’antenne régionale du FNDC de Labé tient au combat qu’il mène et n’entend pas capituler. Quelque part dans la préfecture de Labé où il a installé son quartier général, nous l’avons suivi pendant plus d’une demie heure.
Casquette sur la tête et les regards plongés presque simultanément sur ses smartphones, Al Habib Bah, coordonne les activités du mouvement citoyen, mis en place pour empêcher le présidant Alpha Condé de faire adopter une nouvelle constitution qui lui permettra de briguer un troisième mandat à la tête de la Guinée, et suit en temps réel l’évolution des événements parfois violents entre les partisans du Front national pour la défense de la Constitution et les forces de l’ordre appuyées par l’armée, déployées en grand nombre dans les rues de la ville. Mais le jeune révolutionnaire n’est pas un chef qui se contente uniquement de suivre l’évolution des événements depuis ses smartphones. « Quand c’est opportun, nous dit-il, je descends sur le terrain pour réorganiser mes troupes avec la ferme consigne : PAS DE VIOLENCE CONTRE QUI QUE CE SOIT! ».
Pour lui, le combat du FNDC reste et demeure la lutte contre un éventuel troisième mandat ou glissement de calendrier pour le président Alpha Condé qui cherche à faire adopté une nouvelle Constitution tandis qu’il doit céder sa place en décembre prochain à un nouveau président élu.
A la question de savoir comment le FNDC compte poursuivre son combat, Al Habib Bah est catégorique : « Les manifestations vont se poursuivre jusqu’à la satisfaction de notre revendication », promet-il en décrochant au passage un appel téléphonique d’un des leaders du mouvement qui était censé l’appeler avant notre arrivée, nous fera-t-il savoir à la fin de l’entretien. Le coordinateur du FNDC/Labé appelle les partisans du front à la mobilisation générale. « Car, explique-t-il, l’écrasante majorité des citoyens est aujourd’hui membres et sympathisants du FNDC. Qu’ils continuent à croire aux idéaux », plaide celui qui se sait désormais traqué par la police du régime.
Depuis le début de l’appel à la résistance active et citoyenne du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), lundi 13 janvier 2020, au moins deux jeunes manifestants ont été tués par des tirs à balles réelles à Labé. On dénombre également plusieurs blessés dans les rangs des protestataires contre le projet de changement constitutionnel et des forces de l’ordre. Le bâtiment abritant le Tribunal de première instance a été attaqué lundi par des manifestants et le bureau du procureur incendié.
Alors que la ville est sous haute tension, certains citoyens craignent que les actes de vandalisme contre les édifices publics enregistrés ces derniers jours dans la ville ne s’inscrivent dans une stratégie mûrement élaborée au plus haut sommet de l’Etat guinéen visant à justifier à moyen terme la militarisation de la région.
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