Malgré la suspension, vendredi soir par l’antenne locale du FNDC des manifestations contre le projet d’adoption d’une nouvelle constitution et demandant le départ du gouverneur Madifing Diané, la ville de Labé reste quadrillée par les forces de défense et de sécurité.
Dans la journée du samedi 25 janvier, des exactions ont été commises dans certains quartiers du centre-ville par des bérets rouges qui ont arraché de forces tout ce qu’ils ont pu des mains de citoyens impuissants. Ce corps d’élite de l’armée guinéenne est aussi accusé de s’en être pris physiquement aux civils qu’il a croisés sur son chemin lors de ses opérations de maintien d’ordre après les violents accrochages qui ont secoué la ville en milieu de semaine passée.
Depuis leur arrivée dans les rues de la ville, les citoyens s’interrogent sur le but réel de leur déploiement. Beaucoup ne croient pas à leur mission de maintien d’ordre et de protection des citoyens et de leurs biens. Si au départ, les militaires dispersaient les attroupements pour prévenir tout excès dans les manifestations, ces derniers jours ils s’acharnent sur les habitants de la capitale du Fouta-Djallon.
Le jeune Alpha Oumar fait partie des victimes des récentes exactions dans la ville de Labé. Samedi, il était parti pour suivre un match de football dans un club quand « on a entendu un bruit à la la porte d’entrée. La première qu’on a aperçue en se retournant, c’est leurs armes. J’ai essayé de sortir, mais je suis tombé sur l’un d’entre eux, il a voulu me cogner sur la tête avec son arme. Je l’ai barré avec la main. J’ai été violenté, la famille a voulu m’envoyer à l’hôpital mais on a appris que l’hôpital ne travaillait pas. Nous étions plus d’une trentaine de jeunes dans la salle, les militaires sont venus dans trois pick-ups », a-t-il raconté sous le choc.
Le propriétaire du club Amadou Bourouwel dénonce lui aussi cette descente musclée des hommes en uniforme : « Dès leur arrivée, ils ont défoncé les portes, ils ont bastonné les gens. Il y a eu des blessés. Ils ont détruit le décodeur que j’ai acheté à 2 700 000 francs guinéens puis ils ont coupé les files et détruit les haut-parleurs ».
Dans les accrochages avec les manifestants et les interventions des forces de défense et de sécurité qui en ont suivi, de nombreux biens détruits publics et privés ont été détruits à Labé depuis le 13 janvier, le jour marquant le début de la résistance citoyenne active et permanente initiée par le Front national pour la défense de la Constitution. Le bilan humain aussi est très lourd : on dénombre cinq civils tués et plusieurs blessés des deux côtés…
Selon une source proche de la coordination régionale du FNDC, plusieurs jeunes dont une fille de 15 ans sont incarcérés depuis plus d’une semaine à la prison civile de Labé. Le leader de l’Union des forces démocratiques (UFD) fait état des disparitions forcées. Plusieurs personnes arrêtées par les forces de défense et de sécurité au Fouta-Djallon auraient été emmenées dans des lieux tenus secrets.
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