Suite à l’appel à manifester lancé par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) les 21 et 22 janvier sur toute l’étendue du territoire national, Conakry et plusieurs villes de l’intérieur du pays ont plus ou moins suivi le mouvement pour la sauvegarde des acquis démocratiques en Guinée face au projet de changement constitutionnel voulu par le pouvoir en place.
A Dinguiraye, où l’opposition a forte assise, les populations ont occupé les principales artères de la ville ce mardi 21 janvier pour une marche pacifique. Le rassemblement qui a débuté dans le calme a enregistré plus tard des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre.
La manifestation a commencé dans les environs de 10 heures. Certains citoyens vaquaient tranquillement à leurs occupations, d’autres avaient ouvert leurs commerces ; quand les manifestants ont entamé leur marche en provenance de la grande mosquée pour la sortie de la ville. Les protestataires scandaient des slogans hostiles au pouvoir du président Alpha Condé et favorables au FNDC.
Arrivée au centre-ville, un premier accrochage a été évité de justesse entre manifestants et forces de l’ordre dont deux pick-ups en partance vers le siège de la préfecture avaient croisé le chemin des protestataires. C’est finalement dans les environs de 12 heures qu’ont eu lieu les premiers accrochages entre les partisans du FNDC et les forces de sécurité à la rentrée de la ville où les contestataires s’y étaient rendus.
Puis, la tension est montée d’un cran entre les deux partis. Des barricades érigées, jets de pierres et des pneus brûlés un peu partout sur le long de la route allant du centre-ville à la sortie. Ce face-à-face a été finalement remporté par les manifestants qui ont pourchassé les agents de maintien d’ordre. Il a fallu l’intervention des militaires, venus de la garnison militaire pour disperser les jeunes manifestants avec des tirs sommations, des bastonnades et des arrestations.
C’est dans les environs de 14 heures que le calme est revenu. Mais la ville est restée paralysée durant le reste de la journée. Dans les rues de la ville, seuls quelques motards étaient visibles. Et des agents postés près du poste de police et de la gendarmerie.
Au lendemain de cette journée très mouvementée dans la sainte cité, le climat est resté délétère. La tension était encore perceptible. Certains commerces avaient rouvert avant de refermer à nouveau dans la journée. Selon des informations reçues sur place, les manifestants arrêtées hier vont être transférés à Faranah. Les populations s’apprêteraient à s’opposer à ce transfèrement vers le chef-lieu de la région administrative.
Des habitants affirment que des véhicules transportant des renforts ont été aperçus mardi dans la soirée entrant dans la ville. Ce qui fait redouter de nouvelles échauffourées dans les heures ou jours à venir entre opposants au projet d’adoption d’une nouvelle constitution et forces de l’ordre. Car certains jeunes sont déterminés à descendre de nouveau pour barrer leur route autant de fois qu’ils l’estimeront nécessaire.